1. La faible dynamique de la consommation pèse sur l’inflation
Depuis le premier choc pétrolier de 1973, et c’est toujours le cas en 2021‑2022, l’inflation est plus faible au Japon que dans les autres pays avancés. Hormis les dernières valeurs depuis le printemps 2022 (3 % en septembre), l’inflation est même restée en deçà de la cible de la Banque centrale du Japon (BoJ) depuis la crise bancaire des années 1990 (cf. graphique 1). En effet, le choc initial sur la demande, suivi d’une spirale de déflation par la dette (Fisher, 1933), et la baisse des anticipations d’inflation pèsent sur la consommation depuis la fin des années 1990 (cf. graphique 2). Les "trois flèches" du plan de relance de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe lancées en 2013‑2014 ont permis de stimuler temporairement l’inflation par la hausse de la consommation des ménages et des anticipations d’inflation (Maruyama et Suganuma, 2019). Néanmoins, la dynamique de la consommation s’est rapidement essoufflée, faute de hausse des salaires (cf. graphique 3) et en raison de l’augmentation de la TVA. Elle a aussi été affectée négativement par une inflation perçue comme structurellement supérieure à l’inflation réalisée (cf. encadré 1 infra).
La faible dynamique des salaires réels (cf. graphique 3) pèse sur la consommation depuis la fin des années 1990. Cette faiblesse des salaires relèverait de deux phénomènes concomitants et interdépendants :
- la déformation du partage des revenus, en lien notamment avec la perte du pouvoir de négociation des salariés et la dualité du marché du travail (entre emplois réguliers et non réguliers – cf. annexe 1) ;
- une faible productivité directement liée au sous‑investissement chronique des entreprises. De plus, malgré une richesse apparente élevée, les ménages japonais ne maximisent pas leurs revenus financiers, par manque de connaissances ou par "répression financière" (cf. annexe 2). Ceux‑ci ne compensent donc pas les faibles gains salariaux.
2. La dualité du marché du travail et la perte de pouvoir de négociation des salariés freinent la dynamique salariale
La part de la rémunération du travail dans la valeur ajoutée diminue car le salaire réel n’augmente pas
Depuis 1995, la part de la valeur ajoutée allouée à la rémunération du travail au Japon régresse fortement, un mouvement déjà entamé au début des années 1980 (comme en France et au Royaume‑Uni), mais qui s’est grandement accentué dans les années 2000, suivant le même déclin qu’aux États‑Unis.
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